Rapports au Conseil national du 03/12/2022
Rapports de Marie-Jeanne Gobert et de Christian Picquet.
Cher·es camarades,
Tout d’abord bonjour à toutes et tous, je mesure les efforts que vous avez engagés et que nous avons produit collectivement pour participer à cette réunion du Conseil national dont l’organisation a été bousculée.
Un mouvement de grève à la SNCF, sur les conditions de travail et les salaires, a fortement perturbé les déplacements de nombre d’entre-nous et a fait de la visioconférence l’outil principal de cette séance, avec la frustration parfois de ne pas participer au débat en direct ou de ne pas partager des moments de convivialité.
L’importance de ce 1er point de l’ordre du jour de notre séance, à savoir présenter la proposition de base commune du 39ème congrès, engager les discussions sur son contenu, l’enrichir des amendements et soumettre le projet de base commune au vote dimanche dans les meilleures conditions, nous oblige individuellement et collectivement à dépasser les difficultés afin produire un débat serein, constructif et utile.
Il reviendra à Christian Picquet de nous présenter l’ensemble des travaux et la cohérence du texte.
Confiance
Je reste confiante sur le positif qui émanera de cette séance qui doit nous mettre en capacité par la suite de nous adresser et de nous déployer en grand dans le Parti, vers tous les adhérent·es. Les directions fédérales, de sections et les militant·es attendent beaucoup de nos travaux.
Le document du 39ème Congrès voté définitivement en avril 2023 au Congrès national deviendra le texte de référence pour le Parti, mais au- delà pour toutes celles et tous ceux qui portent de l’intérêt pour le projet communiste.
Travaillons ce week-end à lui donner l’impulsion nécessaire pour susciter l’intérêt du plus grand nombre de communistes.
Confiance, car nous savons innover et transformer nos habitudes.
En période de Covid nous avons réussi à donner sa pleine place à la souveraineté des adhérents avec l’organisation d’une conférence nationale en visio de nature exceptionnelle. Il nous revient ce week-end de nous inspirer de cet évènement et d’être à la hauteur d’un débat de qualité.
Confiante dans l’implication des communistes pour l’élaboration du texte du 39ème congrès en avril, c’est aussi de cela qu’il s’agit !
Notre présence à l’élection présidentielle, avec Fabien Roussel, notre secrétaire national, comme candidat, a favorisé la mobilisation, elle a entraîné de nouveau dans l’activité politique des milliers de communistes autour d’un contenu politique, le programme des Jours heureux.
Au-delà des périodes électorales, face à l’ampleur de la crise sociale, écologique, à ses conséquences, face à une situation internationale traversée de tant de dangers, mais aussi par des luttes porteuses de liberté et d’émancipation, les communistes sont plus que jamais demandeurs de nourrir leur activité, leurs analyses.
Ce week-end le Conseil national à l’occasion d’y répondre. Par ses analyses, ses productions autour du projet de base commune et des enjeux du Congrès, il doit apporter aux communistes les éléments qui permettront de poursuivre les débats enclenchés et d’approfondir la réflexion.
La commission du texte
La Commission du texte, consciente du besoin de transformations profondes dans le pays, s’est appliquée d’une part à produire un document qui dressent les réalités, éclairent sur les conséquences sociales, humaines et environnementales d’un capitalisme qui se décline à l’échelle nationale et mondiale.
Elle s’est attachée, d’autre part, à ouvrir une perspective, notamment en revenant sur les conditions du changement et sur la nécessité de construire un mouvement populaire majoritaire, condition indispensable pour disputer le pouvoir aux forces de l’argent et aux forces réactionnaires à tous les niveaux et jusqu’à celui de l’État.
A partir du 5 octobre la Commission, composée de 24 camarades s’est réunie toutes les semaines de 2 à 3 fois par semaine. Le document réparti en différents chapitres a suscité de très nombreux échanges dans la commission. Les réunions se sont tenues le lundi et mardi par thème pour approfondir les sujets et en plénière tous les vendredis. Un rythme soutenu et avec Christian nous remercions les camarades qui ont participé à ces rendez-vous.
L’exercice nous a demandé de nous rendre disponibles, exercice compliqué pour tous parce qu’investi de responsabilités politiques, de mandat d’élu·es et avec une difficulté supplémentaire pour les camarades en activité professionnelle.
Le délai pour présenter le texte, juste 2 mois nous a obligé à une cadence de réunions particulièrement intense. La course de vitesse s’est enclenchée au fil des semaines pour aboutir au document qui vous a été adressé et c’est aussi une des raisons qui nous poussent à saluer le temps consacré et l’effort de production .
Sur certains sujets, plus sensibles ou nouveaux, l’international, les entreprises, la jeunesse, le communisme ou bien d’autres, pour répondre au besoin de connaissances supplémentaires, ou pour pousser la réflexion, nous avons sollicité l’avis des commissions ou responsables en charge de ces questions.
Comme co-présidents, nous avons pu nous appuyer sur l’esprit de responsabilité qui a animé les camarades de la commission et la capacité à approfondir des sujets ou à traiter de sujets complexes.
L’écoute et le désir de s’enrichir de l’apport des interventions dans la commission a primé. Les connaissances ont été partagées, la multiplicité des débats nous a permis de construire des réponses et d’avancer ensemble. Il nous est souvent arrivé de faire et de défaire, voire de tout défaire, tellement la volonté de produire un texte cohérent et utile a traversé nos travaux.
Je salue là la détermination de Christian à ne rien lâcher et à nous entraîner dans cet exercice qui visait à obtenir un document qui n’oublie rien et articulé autour des grands enjeux.
Nous avons conclu ce travail de recherche, d’écriture avec la commission par un séminaire le samedi 26 novembre tenue dès 9H30 et très tard le soir.
L’effort final a eu lieu ces derniers jours avec l’appui efficace de Yann Henzel qui n’a pas compté ses heures de présence et en votre nom je le remercie vivement. Je tiens à souligner son engagement, comme celui d’autres salarié·es, car ils sont essentiels. Ils ont été de même niveau pour d’autres camarades membres de la direction nationale.
A l’étape actuelle, nous allons décider du texte de base commune qui s’est nourri depuis le dernier congrès de nombreuses batailles de notre Parti à l’échelle nationale, au niveau des fédérations et de l’engagement de nos élu·es à tous les échelons de la vie politique. Sur l’ensemble de ces éléments de notre activité nous y reviendrons.
Le texte du 39ème congrès continuera à évoluer avec le débat des communistes, les congrès de sections, des fédérations et les contributions individuelles ou collectives, exercice important pour approfondir les questions et ne sous-estimer aucun sujet qui interrogent nos organisations, ou la société.
A la lecture des contributions, le texte reflète en grande partie les préoccupations exposées par les militant·es : le besoin de pousser les débats à fond, comment être utiles, la bataille de la présidentielle avec ce qu’elle a fait avancer sur de grandes questions traversées par les enjeux de classe, tel que le travail, l’énergie comme bien commun. Associer à la présidentielle, comment aboutir à un résultat qui donne du sens à l’utilité du Parti. Autre question, l’alliance électorale des législatives et son devenir, le communisme, le besoin de service public, les questions internationales...
Je ne détaille pas plus, Christian saura expliciter le contenu du texte qui fait place à ces préoccupations et les présidents de la commission de Transparence Evelyne Ternant et Robin Salecroix souhaiteront peut-être nous alerter plus en détail sur les questions qui reviennent, ou qui sont insuffisamment développées.
A ce jour, un peu plus de 200 contributions, certes un rythme d’échauffement, mais je ne doute pas que l’envoi du projet de base commune à toutes les directions et à tous les adhérents trouvera un écho. L’intérêt existe, il reste à tous les dirigeant·es que nous sommes, à ceux dans les fédérations, à nos élus qui sont en prises au quotidien avec les attentes de justice sociale, celles liés aux questions environnementales, à se mêler du débat et surtout à en faciliter l’appropriation par le plus grand nombre.
Le rayonnement du parti, la connaissance de ses propositions, de son projet au plus proche des gens et dans la proximité, en dépend.
De ce travail de direction, d’animation dépend le dynamisme de notre congrès et sa capacité à s’inscrire dans le réel en vue de le transformer et de faire grandir la conscience de nos concitoyens sur la perception que ce n’est pas la fatalité qui dirige le pays, mais bien un pouvoir avide et au service des marchés financiers. Marchés financiers qui préfèrent les profits à l’humain !
Une logique qui peut être combattue par un rassemblement large majoritaire, une gauche qui retrouve un ancrage populaire, la confiance du peuple, et un Parti communiste qui trouve le chemin du renforcement dans tous les domaines, gagne encore en visibilité, en présence dans les luttes, et parvient à rendre crédible son contre-projet au capitalisme.
TÉLÉCHARGER LE RAPPORT DE MARIE-JEANNE GOBERT
Cher·e·s camarades,
Comme vient de le dire Marie-Jeanne, en entamant l’écriture du projet, nous avions pour première préoccupation d’en faire ressortir la cohérence d’ensemble.
Dans son rapport introductif au dernier conseil national, Fabien avait souligné
trois enjeux de notre 39ème Congrès, dans l’objectif de construire le renouveau
du communisme français : tirer le bilan de l’action du parti au cours des quatre
années écoulées ; permettre aux communistes de porter une visée répondant
aux défis aujourd’hui posés à l’humanité, et travailler à la construction d’un
mouvement populaire majoritaire dans notre pays ; débattre du
fonctionnement et du renforcement du parti dans la prochaine période.
Il nous est apparu nécessaire de construire le texte en déroulant le récit de ce
que les communistes veulent porter comme projet pour la France dans un
monde pris de convulsions menaçantes.
Il en découle sept grandes questions, les sept chapitres du texte, que nous
vous proposons de soumettre à la discussion et à l’enrichissement des
adhérentes et adhérents.
La première question porte — je dirais évidemment — sur le bilan de
ce qui aura été fait ces quatre dernières années.
Le 38ème Congrès s’était fixé l’objectif de redéployer la force communiste, de
conjurer le danger d’effacement de notre parti, de lui permettre de parler de
nouveau à des millions d’hommes et de femmes, de faire ainsi rayonner nos
idées, bref d’engager une réorientation.
Bien sûr, nous le savons, sur cette période, nous aurons dû affronter des
épreuves majeures, telle la pandémie du Covid-19, avec ses retombées sur
l’activité de nos organisations.
De même, si nous avons pu, au plan électoral, enregistrer des gains importants
en regagnant des villes aux municipales, en nous renforçant dans les
départements et régions, et en étendant notre implantation sénatoriale, nous
aurons également, dans le contexte difficile que traversent le pays et la
gauche, essuyé des échecs. Cela aura été notamment le cas avec la perte de
villes aux municipales, du département du Val-de-Marne, ou de notre
représentation au Parlement européen.
Il n’en reste pas moins que ces années nous auront permis de retrouver de la
visibilité, de mettre dans le débat public des questions fondamentales :
* le travail et de l’emploi ;
* la souveraineté énergétique ou alimentaire de la nation ;
* la nécessaire réindustrialisation du pays à partir de nouveaux critères sociaux
et écologiques ;
*l’exigence d’une nouvelle République sociale et démocratique, laïque et
universaliste, écologiste et féministe ;
* la défense de notre vision d’une France, refusant les replis identitaires et
portant par-delà ses frontières les messages de la paix et des coopérations
solidaires en Europe et dans le monde.
En dépit d’un score décevant, la campagne des européennes, autour de notre
camarade Ian Brossat, nous avait fait redevenir un repère à gauche.
Celle de la présidentielle, décidée très majoritairement par les communistes,
par le dynamisme de la campagne de Fabien autant que grâce à la qualité de
notre programme, aura poursuivi sur ce chemin, en rencontrant un écho
populaire important dont nous continuons à bénéficier aujourd’hui.
Sans doute, l’hyper-présidentialisation de cette élection, dans un contexte
propre à entretenir de très grandes confusions, avec notamment la guerre en
Ukraine, nous aura privés du résultat que nous étions en droit d’espérer.
Mais les difficultés engendrées par ce rapport de force électoral, et ses
conséquences sur la répartition des circonscriptions aux législatives dans le
cadre de la Nupes — répartition qui nous aura privés de campagne dans 500
circonscriptions — n’ont pas pour autant annulé l’impact positif de notre
participation, sous nos couleurs, à la présidentielle.
Au-delà des élections, le travail de nos commissions nationales, le « Tour de
France des entreprises » entrepris par notre secrétaire national, notre
engagement dans les grandes échéances de mobilisation ayant marqué le pays
— de la bataille des retraites en 2019 au mouvement féministe contre les
violences sexistes et sexuelles — nous auront permis de développer
amplement nos propositions et initiatives.
Si le chemin à parcourir sera encore semé de beaucoup d’embûches, nous
pouvons l’entamer avec lucidité, courage et confiance.
C’est ce que commence par relever le texte.
C’est un acquis d’autant plus important que nous en sommes arrivés à
un véritable tournant de l’histoire de l’humanité. Telle est la deuxième
question.
Nous le rappelons dans le projet, depuis que l’activité humaine a commencé de
transformer son milieu à travers les siècles, la planète est entrée dans l’ère de
l’Anthropocène.
Mais la pression sur les ressources de la nature s’est terriblement accélérée
avec la folle course aux profits d’un capitalisme financiarisé et globalisé
comme jamais. Et l’impact en est comparable à toutes les forces géologiques
naturelles.
En clair, le défi de civilisation va au-delà du seul dépassement du capitalisme. Il
consiste à assurer la pérennité de l’humanité dans son développement et la
réponse à ses besoins légitimes.
C’est sur cette toile de fond que s’enchevêtrent des bouleversements majeurs :
* la crise du mode d’accumulation du capital à l’échelle mondiale ;
* la crise des formes de la domination politique du capital, que l’on voit à
l’oeuvre sous des formes spécifiques dans la quasi-totalité des régions du
monde ;
* et la crise, d’une violence paroxystique, des relations internationales, qui voit
l’hégémonie de l’impérialisme américain contestée et les compétitions
s’intensifier entre Etats, ensembles géopolitiques et firmes multinationales.
De là découle le contexte de guerre qui menace de se traduire en conflagration
planétaire, avec sa possible dimension nucléaire.
De là découlent également les réponses autoritaires, ultraréactionnaires, voire
carrément fascisantes, qui surgissent un peu partout, manifestant la recherche
de stabilité qui animent des secteurs significatifs des classes dirigeantes. Le
résultat des élections générales au Brésil, en Israël, en Suède ou en Italie sont
autant d’expressions de cette tendance lourde.
Cela dit, toute crise portant, en même temps, des phénomènes très dangereux
de décomposition et des exigences de renouveau, on voit se manifester, sous
des formes spécifiques selon les zones du globe, un grand nombre de
mouvements exprimant l’aspiration à un autre ordre du monde, fondé sur la
justice sociale, la paix, la souveraineté des peuples et la sécurité globale.
C’est un point d’appui essentiel pour la défense des axes de la politique
internationale du parti, et pour l’affirmation de notre projet communiste.
J’y reviendrai.
La France affronte elle-même une période de turbulences aiguës.
Troisième grande question sur laquelle nous pensons que les
communistes doivent travailler.
Ici aussi, la crise systémique est là.
Elle se traduit par une inflation qui est la conséquence de la suraccumulation
du capital, et par une récession menaçante.
La majorité de notre peuple subit, tout à la fois, dégradation de son pouvoir
d’achat, chômage de masse persistant, développement de la pauvreté et de la
précarité, poursuite de l’austérité...
Alors que la contre-révolution néolibérale a creusé dans le pays de fractures
profondes, impactant lourdement les consciences et obscurcissant les repères
de classe, le pays doit affronter une désagrégation de toutes les formes de la
représentation politique. Celle-ci se manifeste notamment par une abstention
grandissante de scrutin en scrutin.
Simultanément, la panne de projet de la classe dirigeante se traduit par
l’épuisement du macronisme qui, à partir de 2017, affichait la volonté de plier
la France aux normes de la globalisation marchande et financière.
Ce projet s’est simultanément trouvé mis en échec par la faillite patente des
solutions néolibérales devant la crise sanitaire de 2020, et par les résistances
sociales qui se sont succédé dès le mouvement des « Gilets jaunes » en 2019.
Tant au travers de sa victoire par défaut au second tour de l’élection
présidentielle, sans autre dynamique que la volonté d’une majorité de
l’électorat de faire barrage à la représentante du Rassemblement national, qu’à
travers la défaite de son parti aux législatives, le président de la République
connaît une perte d’autorité considérable.
Sous la V° République, le premier personnage de l’État représentant la clé de
voûte des institutions, il s’ensuit une crise de régime ouverte. Une crise auquel
le pouvoir en place répond par un durcissement autoritaire croissant.
Qui y répondra ? Tel est l’enjeu !
Les luttes sociales, les mobilisations de la jeunesse en faveur de la justice
climatique, le mouvement féministe, ou encore les multiples expressions
citoyennes de refus du racisme et des discriminations attestent d’un très fort
potentiel de résistance et de contestation de l’ordre existant.
Reste que tous ces combats se heurtent, à gauche, à l’inexistence d’un
débouché politique crédible.
Force est ainsi de constater que, même unie comme elle l’aura été aux
élections législatives, la gauche a échoué à mobiliser, ou à remobiliser, une
très large partie du monde du travail ou des catégories populaires. Elle sera
certes parvenue à replacer le clivage entre droite et gauche au centre des
confrontations politiques, et elle aura obtenu de bons résultats dans un certain
nombre de circonscriptions, ce qui lui aura permis de doubler sa représentation
à l’Assemblée nationale.
Elle ne s’en est pas moins heurté à un « plafond de verre ».
Ce qui n’est pas le cas de l’extrême droite.
Celle-ci a su détourner à l’avantage de son projet d’apartheid ethnique une
large partie des souffrances engendrées par la crise, l’impression d’abandon
qu’éprouvent divers secteurs des populations travailleuses, mais aussi leur
colère face à la désindustrialisation ou aux retraits de la République et des
services publics d’une série de territoires.
Elle profite en outre d’un climat où se développent les idées racistes et
réactionnaires, ainsi que de la déréliction d’une droite qui, croyant se sauver, à
entrepris de faire de la surenchère xénophobe et liberticide avec le
Rassemblement national. D’où sa progression des élections législatives et sa
capacité, désormais, de se poser en candidate au pouvoir.
La République s’en retrouve en grand danger.
De ce panorama, nous retirons en premier lieu une confirmation : le
projet communiste n’a jamais été d’une telle actualité. C’est la
quatrième question, fondamentale, que développe le texte.
Parce que que la planète a plus que jamais besoin d’une révolution écologique,
le projet communiste affiche l’ambition de rendre vivable sa relation avec la
niche écologique qu’elle occupe.
Parce que nous sommes confrontés à de lourdes tendances au repli et à la
fragmentation des sociétés, il porte l’enjeu de la mise en commun.
Parce que la révolution technologique en cours met à l’ordre du jour le partage
des informations, des savoirs et des pouvoirs, il affiche la perspective de
dépasser le marché capitaliste.
Parce que l’universalité de la défense des droits humains s’exprime en une
multiplicité de mouvements populaires, il porte l’émancipation individuelle et
collective comme une absolue nécessité pour le bien commun de toute
l’humanité.
Parce qu’il y a besoin de révolution des relations entre générations, de
révolution du travail, de révolution de la politique autant que de la culture, il
est un projet anthroponomique. C’est-à-dire un projet qui lie indissolublement
économie et écologie, social et sociétal, dans la perspective d’arracher le
pouvoir au capital.
Parce que s’exprime partout la soif de retrouver la maîtrise de l’avenir et des
décisions prises, il fait de la démocratie jusqu’au bout le but et le moyen du
combat révolutionnaire.
Comme l’avait déjà relevé le 38° Congrès, le communisme est en même temps
horizon civilisationnel et chemin de lutte.
Horizon civilisationnel, dès lors qu’il veut conduire au dépassement du travail,
de l’argent, des nations, de l’État...
Chemin de lutte, au sens où, si des éléments de communisme ne cessent de
surgir des contradictions mêmes du système, il y a besoin d’une force
révolutionnaire pour changer le rapport des forces, articuler les combats contre
toutes les dominations à la bataille de classe pour en finir avec l’exploitation,
car telle est la condition pour parvenir au dépassement du capitalisme.
C’est ce qui fait le besoin d’un Parti communiste plus fort, plus influent, mieux
implanté.
En ce sens, le projet communiste irrigue toutes les dimensions de notre action,
il leur donne sens.
Précisément, c’est la cinquième question abordée par le projet, de
cette cohérence découle une démarche pour l’action.
Contrairement à ce que nous avions fait au précédent congrès, et dans d’autres
encore antérieurement, nous vous proposons de ne pas développer une partie
« programmatique » dans le texte de cette base commune.
Nous avons, en effet, voté au conseil national de décembre dernier un
programme en 180 propositions,« La France des Jours heureux », que les
communistes se sont largement approprié tout au long de la campagne de la
présidentielle.
Nous en avons repris les grands axes pouvant structurer notre activité.
D’abord, engager une révolution du travail, de la production, de la
consommation. En son coeur, se situent les batailles corrélées pour éradiquer
le chômage par un système de sécurisation de l’emploi et de la formation, pour
changer le sens du travail lui-même ainsi que le mode de production des
richesses, pour ouvrir une perspective à la jeunesse, pour aller vers une
nouvelle industrialisation de la France.
Ensuite, la promotion des biens communs par le service public. Toutes les
confrontations de la dernière période en confirment l’actualité. J’ai parlé tout à
l’heure de la souveraineté énergétique, qui passe par un mix nucléaire-
renouvelable à 100% public. Il faut, naturellement, y ajouter tout ce qui relève
de la santé, de l’éducation, du droit au logement, les transports, la
communication, ou l’accès aux arts et à la culture.
Enfin, l’objectif d’une nouvelle République.
Dans ce cadre, nous voulons articuler de nouvelles institutions politiques
replaçant le peuple au coeur des décisions, ce qui implique la fin du système présidentialiste et une VI° République, avec la conquête de nouveaux pouvoirs
de décision pour les salariés à l’entreprise.
C’est l’originalité de nos propositions que de lier indissolublement souveraineté
du peuple et souveraineté du travail.
Et c’est également leur originalité que de vouloir nourrir ce processus de
révolution démocratique du combat féministe pour l’égalité, ou encore de la
lutte contre toutes les discriminations, contre le racisme et l’antisémitisme,
contre les atteintes aux droits des personnes LGBTQI.
Et c’est encore une autre originalité, au sein de la gauche, que de lier ces
grands objectifs transformateurs aux moyens de les financer et d’acquérir une
nouvelle efficacité économique. Ce qui passe par une autre utilisation de
l’argent public, de l’argent des banques et des entreprises, par l’appropriation
sociale et démocratique des grands réseaux bancaires et des groupes
dominants des secteurs stratégiques.
Il se pose encore à notre débat de congrès la question de la stratégie
à même d’inverser le rapport des forces dans le pays, afin de bâtir
une majorité politique au service de la transformation sociale et
écologique. C’est le sixième point de discussion qu’ouvre le texte.
Le problème, en l’occurrence, ne peut se résumer aux alliances à nouer entre
forces politiques de gauche et écologistes.
Il importe d’abord de s’interroger sur le sujet de la révolution que nous
appelons de nos voeux. Ce sujet, c’est le monde du travail dans sa diversité.
Il est le socle social et politique du changement., parce qu’il représente les
forces vives d’une nation comme la nôtre, et parce que sa place dans
l’économie, autant que puissance potentielle, lui confèrent les moyens d’unir
autour de lui toutes les forces disponibles au dépassement des logiques
capitalistes.
Cette appréciation, on le voit bien, nous distingue des autres courants de la
gauche.
Elle nous amène à considérer que l’objectif premier, dans le moment que nous
traversons, doit être de retrouver le chemin de ces millions d’hommes et de
femmes qui font présentement défaut à la gauche pour les unir, car sans eux
aucune majorité sociale et politique n’est imaginable.
C’est pour engager cette reconquête que nous nous fixons l’objectif de
construire une dynamique populaire agissante.
Engagement dans les luttes, recherche de convergences entre organisations du
mouvement social et forces politiques dans le respect des spécificités de
chacune, bataille d’idées : tels sont les moyens de la construction due cette
dynamique.
Et c’est toujours pour concourir à cette reconquête que nous voulons débattre
avec nos partenaires de gauche.
Nous les appelons à engager cette bataille, tous ensemble, de la remobilisation
des forces du travail, seul chemin possible pour gagner demain et seul moyen
de barrer la route du pouvoir à l’extrême droite.
La discussion, en l’occurrence, ne porte pas sur la participation à la Nupes.
Notre ADN, c’est le rassemblement de la gauche et des forces populaires.
Nous voulons, dès lors, chercher systématiquement l’unité d’action, sur la base
d’un accord partagé sur les contenus et sur les initiatives.
C’est ce que nous faisons en échangeant régulièrement avec les autres partis,
ou en travaillant au sein de l’intergroupe qui s’est constitué à l’Assemblée
nationale.
Pour autant, la coalition formée pour les législatives ne saurait se transformer à
présent en un nouveau mouvement politique, ou en une fédération, telle que la
perspective en a été avancée par La France insoumise au lendemain des
législatives.
Des différences existent. Elles portent sur des sujets importants : le
programme, la stratégie, les relations à nouer entre forces de gauche.
Ces points appellent un débat loyal, fraternel, public.
Un débat dégagé des volontés hégémoniques qui sont un obstacle au
développement du mouvement populaire et qui empêchent la gauche de porter
une alternative à visée majoritaire. Nous l’avons encore vu, ces dernière
semaines, lorsque les tentations hégémoniques ont provoqué de fortes
tensions avec les organisations syndicales, alors qu’il y avait urgence à
développer une convergence pour les salaires, l’emploi ou la défense du droit à
la retraite.
J’en termine par le dernier point que nous proposons de soumettre à
la réflexion des communistes. Pour mener à bien la mise en oeuvre
des orientations que je viens d’évoquer, nous avons besoin que le
Parti communiste soit un grand parti populaire.
Un parti pour peser dans la société et les combats de classe. Un parti fraternel
et démocratique, de réflexion et de formation pour ses adhérents et
adhérentes. Un parti dans lequel chacune et chacun, grâce au cadre collectif,
maîtrise son intervention et construit son émancipation.
C’est le sens des 12 objectifs, qui ponctuent le dernier chapitre et qui ont été
travaillés avec les secteurs et commissions nationales.Ils proposent d’avancer sur chacun de ces objectifs, soit par des mesures concrètes, soit en fixant à la
prochaine direction nationale des échéances de réflexion.
Je les rappelle sans entrer dans le détail :
- notre renforcement, avec la perspective de 10 000 nouvelles adhésions dans
le trois ans ;
- l’organisation du parti à l’entreprise et sur les lieux de travail, avec la
perspective d’une conférence nationale chargée de définir une feuille de route
sur ce point ;
- la féminisation du parti, qui doit faire l’objet d’un travail d’organisation suivi ;
- le développement de l’intervention dans la jeunesse, qui doit impliquer nos
organisations dans l’aide au MJCF ;
- la reconquête des catégories populaires, en réfléchissant aux initiatives
permettant de mener à bien cette réimplantation et au suivi directionnel qui
doit l’accompagner ;
- le franchissement d’un nouveau cap dans la politique de formation, afin de
prolonger le travail déjà effectué, proposition étant faite qu’un conseil national
soit consacré à cette question ;
- la structuration de l’activité des communistes, en insistant sur le travail de
proximité, ce qui implique une réflexion sur la question des cellules à rebâtir
chaque fois que possible, proposition étant faite, là aussi, que le conseil
national tienne régulièrement une session consacrée à ces problèmes ;
- le fonctionnement des instances de direction, afin qu’elles gagnent en
efficacité, traduise mieux la volonté collective des communistes, et permette
aux débats qui se mènent en notre sein de nous enrichir mutuellement dans
une recherche permanente d’unité ;
- la bataille financière à reprendre, tant elle conditionne notre capacité à nous
redéployer ;
- la vie de notre réseau d’élus, dont nous voyons chaque jour, du plan local aux
deux Assemblées, à quel point il est une richesse ;
- nos publications, enfin, ce qui concerne nos revues mais aussi l’Humanité
dont la défense et le développement doivent être des objectifs prioritaires.
Voilà mes camarades, présenté de manière très synthétique, le résultat de
notre travail.
Je veux encore remercier toutes celles et tous ceux qui y ont consacré de
nombreuses heures, malgré des agendas professionnels ou politiques souvent
très chargés.
À présent, si le conseil national l’approuve, ce texte a vocation être travaillé,
amendé, enrichi par les communistes, jusqu’à ce qu’il devienne l’outil collectif
de leur redéploiement.
Je vous remercie